Dans le creux de la vague après les JO de Paris cet été, l’athlétisme tente tant bien que mal de se réinventer.
Malgré des Jeux Olympiques de Paris 2024 réussis, l’athlétisme traverse une période difficile, marquée par un désintérêt croissant de la part des diffuseurs et une perte de notoriété des athlètes. Si les records du monde continuent de tomber, l’aura des champions reste limitée à leurs performances, et leur reconnaissance en dehors des stades, notamment auprès du grand public, est en chute libre. “Je suis un champion olympique, mais je ne suis même pas reconnu dans la rue”, se plaint Noah Lyles, sacré sur le 100 m à Tokyo. Cette problématique touche directement la Ligue de diamant, une des compétitions phares de l’athlétisme, qui peine à attirer les grands diffuseurs.
Une perte de visibilité pour la Ligue de diamant
La Ligue de diamant, compétition d’athlétisme mondialement reconnue, a vu sa visibilité baisser dramatiquement ces dernières années. En France, le groupe L’Équipe a récemment annoncé un partenariat pour diffuser les événements à partir de 2025, mais cela survient après plusieurs années sans diffusion nationale, avec des fans contraints de suivre les compétitions sur YouTube. Aux États-Unis, NBC, diffuseur de la Ligue de diamant depuis 2017, a choisi de ne pas renouveler son contrat après les JO-2024, malgré l’enjeu symbolique des Jeux de Los Angeles en 2028. Désormais, les meetings seront diffusés sur FloTrack, une chaîne spécialisée avec un abonnement annuel coûteux. “C’est sûrement la pire nouvelle pour la Ligue de diamant”, regrette Gabby Thomas, triple championne olympique.
Le Grand Slam Track : une nouvelle tentative de Michael Johnson
Face à ce déclin, des solutions alternatives émergent. Michael Johnson, quadruple champion olympique, a annoncé en 2025 la création du Grand Slam Track, un circuit rivalisant avec la Ligue de diamant. Son objectif est de rassembler les meilleurs athlètes mondiaux dans des confrontations régulières, avec des primes nettement plus attractives, pouvant atteindre jusqu’à 100 000 dollars pour le vainqueur. “Avoir les meilleurs les uns contre les autres, c’est ce qui est captivant dans notre sport”, a affirmé Johnson sur la BBC. Cependant, son projet exclut les concours comme les sauts et les lancers, jugés peu rentables. Cette décision n’a pas manqué de soulever des critiques parmi les puristes du “Track & Field”, qui défendent l’importance de toutes les disciplines.
Des audiences en déclin et des défis financiers
Les ambitions autour du Grand Slam Track sont importantes, mais l’enthousiasme reste limité. Aucun diffuseur majeur ne s’est encore engagé, et des stades prestigieux, comme celui de Londres, ont refusé d’accueillir l’événement, estimant que cela ne serait pas rentable. De plus, des athlètes de premier plan comme Noah Lyles et Sha’Carri Richardson ne figurent pas encore parmi les signataires, l’un d’eux, Lyles, déclarant qu’il ne s’engagerait que si une chaîne de télévision était impliquée. De son côté, la Fédération internationale d’athlétisme a pris la mesure de la situation, reconnaissant que les audiences, notamment lors des concours, sont en perte de vitesse et que l’attraction auprès des jeunes fans demeure un défi.
La réponse de World Athletics : un format repensé
Pour répondre à cette crise, World Athletics a annoncé un projet de championnat innovant pour 2026 : le “Ultimate Championships”. Ce format resserré se veut un événement spectaculaire, avec moins de disciplines (26 au lieu de 42) et une réduction du nombre de soirées (trois au lieu de neuf). “Nous allons offrir un athlétisme jamais vu auparavant, un festival de sport et d’innovation”, a promis Sebastian Coe, président de l’organisation. Il a également suggéré de réformer certaines disciplines, comme le saut en longueur, en supprimant la planche d’appel pour éviter les temps morts liés aux sauts mordus. Mais cette proposition a provoqué une vive opposition parmi les athlètes, rappelant la difficulté de réformer un sport aussi ancien.
Un avenir incertain pour l’athlétisme
Si l’athlétisme cherche à se réinventer pour retrouver son attractivité, les projets en cours suscitent des réactions partagées. Entre des compétitions sans diffuseurs, des athlètes dont la reconnaissance reste limitée, et des formats parfois controversés, l’avenir de ce sport roi des Jeux Olympiques reste incertain. Comme le résume Noah Lyles, “De manière générale, je ne suis pas sûr que l’athlétisme veuille vraiment changer”. Si des initiatives comme le Grand Slam Track ou les Ultimate Championships offrent des pistes de renouveau, la route vers un véritable renouveau reste semée d’embûches.
En conclusion, l’athlétisme se trouve à un carrefour crucial. Les efforts pour attirer à nouveau les fans et les diffuseurs seront-ils suffisants pour redresser la barre ? Seul l’avenir le dira, mais le sport semble prêt à relever le défi, tout en devant naviguer entre tradition et innovation.
NOAH LYLES IS THE MEN'S 100M OLYMPIC CHAMPION! 🥇🇺🇸 pic.twitter.com/QpanU1b131
— The Olympic Games (@Olympics) August 4, 2024