Hier annoncé comme la nouvelle grande star du FC Barcelone, Ansu Fati a disparu des radars. Retour sur cette descente aux enfers.
Trois mois sans jouer : l’histoire d’une promesse qui refuse d’abandonner
Il fut un temps où le nom d’Ansu Fati faisait briller les yeux des supporters du FC Barcelone. Aujourd’hui, il suscite surtout un mélange de nostalgie et d’incompréhension. Car cela fait déjà plus de trois mois que l’attaquant formé à La Masia n’a pas disputé la moindre minute en match officiel. Une absence prolongée qui symbolise la lente descente aux enfers d’un joueur autrefois vu comme le successeur de Lionel Messi.
Ansu était pourtant arrivé en grande forme pour la pré-saison. Motivé, affûté physiquement grâce à un programme d’entraînement personnalisé, il avait montré de belles choses lors des premiers entraînements sous les ordres de Hansi Flick. L’entraîneur allemand, nouvellement nommé, croyait fermement en son potentiel et voyait en lui un projet de renaissance. Mais tout s’est brutalement arrêté à cause d’une fascite plantaire. Un contretemps physique qui l’a privé de la tournée estivale aux États-Unis, et qui a, surtout, réveillé de vieux démons.
Depuis sa grave blessure au genou en novembre 2020, la carrière d’Ansu n’a cessé d’être freinée par des rechutes et des incertitudes. Ce jour-là, face au Betis, il s’était rompu le ménisque. Une opération mal cicatrisée, plusieurs interventions chirurgicales, et plus d’un an loin des terrains ont profondément affecté non seulement son physique, mais aussi son mental. Car depuis, Ansu n’a jamais retrouvé ni son explosivité ni la fraîcheur qui avaient émerveillé le Camp Nou à ses débuts.
L’éclosion d’un prodige
L’histoire avait pourtant commencé comme un conte de fées. Lors de la saison 2019-2020, Ansu Fati, alors âgé de 16 ans, fait ses débuts en équipe première du Barça. Dès ses premières minutes, il impressionne par son audace, sa vitesse et sa maturité balle au pied. Il marque rapidement ses premiers buts, bat des records de précocité en Liga comme en Ligue des champions, et devient même le plus jeune joueur à inscrire un but avec l’équipe nationale espagnole.
Sa connexion naturelle avec Messi faisait rêver. On lui confie le mythique numéro 10. Il incarne alors l’avenir du club, à une époque où les supporters cherchent désespérément de nouveaux héros. Humble, travailleur, il représente l’archétype du joueur de La Masia. Mais cette ascension fulgurante sera brutalement freinée par cette maudite blessure au genou.
Un cycle de blessures et de frustration
Le calvaire commence en novembre 2020. Après sa première opération, le genou d’Ansu ne tient pas. Il doit repasser plusieurs fois sur le billard. L’incertitude médicale et les périodes de convalescence s’enchaînent. Il tente des retours, mais rechute. Son corps ne répond plus. Et mentalement, le joueur perd peu à peu cette insouciance qui faisait sa force.
En 2022-2023, il parvient pourtant à jouer 51 matchs, un record personnel. Mais son influence reste limitée. Le Barça choisit alors de le prêter à Brighton, en Premier League, espérant qu’il y retrouverait du temps de jeu et de la confiance. Le style de jeu offensif du club anglais semblait taillé pour lui. Mais là encore, une nouvelle blessure coupe son élan dès les premières semaines de la saison suivante.
Statistiques d’un naufrage
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis le 4 janvier 2025, Ansu Fati n’a plus joué une seule minute. Ce jour-là, il avait disputé une demi-heure contre Barbastro en Coupe du Roi. En Liga, sa dernière apparition remonte au 10 novembre 2024 contre la Real Sociedad. Sur l’ensemble de la saison, il n’a joué que 187 minutes sur un total possible de 4 140, soit à peine 4,5 %. Il n’a été titularisé qu’une seule fois, contre Séville en octobre. Aucun but, aucune passe décisive. Une feuille blanche.
Son dernier but en club ? Juin 2023, contre le Celta Vigo. En sélection nationale ? Septembre 2023, contre l’Ukraine. Depuis, plus rien. Même les jeunes comme Héctor Fort ou Pau Víctor ont eu davantage d’impact dans l’équipe que lui. Le Barça, sous les ordres de Flick, a pourtant réussi à faire progresser d’autres éléments marginaux. Ansu fait figure d’exception, de parenthèse silencieuse dans une saison en mouvement.
Le regard de Flick
Le coach allemand avait pourtant cru en lui. Lors des premières séances d’entraînement, il s’était montré impressionné par la forme physique et la motivation d’Ansu. Un programme spécifique avait été élaboré pour lui. Mais après la blessure au pied, puis une nouvelle lésion musculaire au biceps fémoral, les plans ont volé en éclats. Depuis, il n’a plus retrouvé sa place dans la rotation.
En janvier, une réunion franche a eu lieu entre Flick et le joueur. Le technicien lui a clairement expliqué qu’il aurait très peu de chances de jouer. Il lui a proposé de chercher un nouveau club pour retrouver du temps de jeu. Mais Ansu a refusé, préférant rester au Barça et tenter de s’imposer malgré tout.
Un avenir en pointillés
Le futur d’Ansu Fati au FC Barcelone est aujourd’hui plus qu’incertain. Son contrat court jusqu’en 2027, avec un salaire conséquent : 12 millions d’euros bruts en 2025-26, puis 14 millions en 2026-27. Un poids lourd dans une masse salariale que le club cherche à alléger. Une solution envisagée serait de rééchelonner ses revenus en prolongeant son contrat jusqu’en 2030, comme cela avait été fait avec Samuel Umtiti. Mais cela dépendrait de l’accord du joueur.
Sportivement, Flick ne compte pas sur lui. Une vente serait idéale pour le club, mais Ansu ne semble pas prêt à partir, malgré quelques sondages venus du Moyen-Orient. Son statut contractuel complique toute opération. Et à ce jour, personne ne semble prêt à miser sérieusement sur un joueur encore jeune, mais au potentiel désormais entouré de doutes.
Dernier acte ou renaissance ?
Ansu Fati n’a que 21 ans. Et dans le football, certains renaissent plus tard. Reste à savoir si son corps lui permettra un retour à un niveau compétitif, et si sa tête saura oublier les douleurs du passé. L’histoire n’est peut-être pas encore terminée. Mais elle est suspendue. Entre l’attente d’un miracle et la résignation.
Est-ce la fin prématurée d’un prodige ? Ou le prélude d’un retour aussi spectaculaire qu’inattendu ? Seul le temps pourra trancher.
