Ce jeudi soir à 23 heures, le documentaire de « Complément d’enquête » consacré au président du PSG Nasser Al-Khelaïfi a révélé les méthodes employées par le club de la capitale, notamment sur la fameuse armée numérique déployée pour nuire à certaines personnes ciblées par la direction parisienne.
C’est un documentaire qui risque de faire parler pendant quelques temps. Jeudi soir, France 2 diffusait « Pouvoir, scandale et gros sous : les hors-jeux du PSG » dans le cadre de l’émission « Complément d’Enquête ». Un reportage consacré à l’influence de Nasser Al-Khelaïfi au sein du football français. Toutefois, le documentaire met aussi en lumière les agissements de la direction parisienne envers les personnes qui ont travaillé de près ou de loin avec le club de la capitale ces dernières années.
Si les droits TV et le dossier tentaculaire des affaires de barbouzeries ont notamment été évoqués, on en apprend également plus sur l’armée numérique développée par le club parisien pour nuire à des personnalités publiques sur les réseaux sociaux.
Une armée numérique pilotée par Jean-Martial Ribes
« J’ai remonté le compte Paname Squad et j’ai rencontré une personne qu’on appellera Omar. Lui était la petite main derrière le compte. On révèle qu’il recevait en direct les ordres de Jean-Martial Ribes, l’ancien directeur de la com’ du PSG. On a eu confirmation qu’il y a eu plusieurs rendez-vous à la Factory. Ils étaient même accrédités de temps en temps sur la pelouse du Parc. Est-ce qu’ils ont reçu des ordres du PSG pour nuire en ligne ? Oui, pour mettre des coups de pression aux joueurs et aux supposés ennemis du club. » révèle Fabien Touati, le réalisateur de ce reportage, qui était invité de l’After Foot sur RMC mercredi soir.
Complément d’enquête s’est rendu en Tunisie, où l’agence U-réputation travaillait pour le PSG. Les journalistes ont ainsi pu échanger avec le responsable de cette armée numérique. L’agence a facturé, preuve à l’appui, 25 000 euros pour deux mois de travail en 2019. « Ils voulaient qu’on parle toujours bien du PSG. Si un compte influent parlait mal du PSG, ils voulaient le dégommer ! Il m’était demandé de mettre la pression sur les joueurs au moment des renégociations de contrat. Rabiot, le problème c’était sa mère dans la renégociation donc il fallait le faire mal aimer des supporters. Insulter Rabiot à cause de sa mère ça nous parait drôle, travailler pour le PSG, pour n’importe qui, c’est un truc de fou, ça fait rêver. » a affirmé le responsable de cette armée numérique, qui parle avec le visage masqué.
L’instigateur de ce système d’armée numérique se nomme Jean-Martial Ribes, l’ancien directeur de la communication du PSG. « Jean-Martial Ribes souhaitait mettre en place une stratégie de communication avec une armée de l’ombre sur les réseaux sociaux. Il a demandé un financement pour cela, accepté par Nasser. » apprend-on dans le reportage.
De nombreux exemples illustrent cette volonté de nuire. Ainsi, le compte Paname Squad s’en est pris à plusieurs joueurs tels que Rabiot, Mbappé, et Neymar mais aussi au quotidien L’Equipe ou encore à Mediapart après l’affaire des Football Leaks.
L’enfer vécu par un supporter du PSG
Pour illustrer les méfaits de cette armée numérique, le documentaire est revenu sur la pression par un supporter du PSG, qui avait insulté Neymar et certains joueurs parisiens lors de la finale de la Coupe de France face au Stade Rennais en 2019. Neymar avait alors poussé le supporter, qui avait ensuite été ciblé sur les réseaux sociaux.
Complètement d’Enquête a alors fait de grosses révélations sur ce dossier. Il est expliqué que le PSG avait utilisé des méthodes illégales pour faire pression sur le supporter nommé Nelson, le tout orchestré par son ancien directeur de communication Jean-Martial Ribes : « Il faut monter un dossier rapide sur lui. Il a peut-être un casier ? » aurait lancé Ribes, désigné comme donneur d’ordre dans la création d’une armée numérique. Après avoir réussi à obtenir des informations personnelles sur son identité, il aurait notamment déclaré : « Il faut le défoncer, pourri son Insta et son Twitter ».
L’une des personnes impliquées dans cette armée numérique a aussi confirmé l’implication de Ribes dans ces agissements : « Ribes faisait ça pour Nasser, pour se faire mousser auprès de la direction. Bien sûr que c’est dégueulasse, ça ne se fait pas. »
Des révélations fracassantes qui n’ont pas fini de faire parler dans le microcosme du football français.