Lors d’une interview chez nos confrères de L’Équipe, Franck Haise s’est confié sur sa lassitude psychologique lors de sa dernière saison au RC Lens.
Arrivé à la tête de l’OGC Nice au début de cette saison, Franck Haise aurait pu ne pas venir sur la Côte d’Azur l’été dernier. En effet, le technicien normand a songé faire une pause dans sa carrière, après un exercice 2023-2024 particulièrement éprouvant sur le plan mental, comme il l’explique au cours d’une interview accordé à nos confrères du journal L’Équipe.
« À l’été 2023, j’avais coupé physiquement mais pas suffisamment sur le plan psychologique. Ensuite, il y a eu un premier enchaînement de matchs, un mercato tardif, des choses à faire dans l’urgence, un début de saison avec des résultats compliqués. Et après la trêve de septembre, il y a eu l’enchaînement fort des matchs. Il y avait très peu de moments de coupure et j’ai senti que mon énergie était moindre. » a d’abord confié le technicien de 53 ans.
Un cumul des fonctions difficile à gérer
Si l’enchainement Ligue 1-Ligue des Champions n’a pas contribué à le ménager, avec des matchs tous les trois jours. Franck Haise devait en plus cumuler sa fonction d’entraîneur avec celle de manager général, qui lui avait été attribué en octobre 2022 après le départ du directeur sportif Florent Ghisolfi vers l’OGC Nice.
Une charge de travail supplémentaire qu’il a souhaitée délaisser en janvier 2024, malgré son intérêt pour le rôle : « C’est très intéressant pour avoir un regard transversal sur un club mais ça prend aussi de l’énergie. Parce que les comités de direction, les comités sportifs qu’on avait mis en place chaque veille de match après le dîner… Vous cumulez tout ça, vous ajoutez 500 interventions médias par an, et vous ne coupez jamais, psychologiquement. » déclare l’intéressé.
À cause du rythme effréné qu’il s’imposait, Franck Haise prenait très peu de repos, avec des effets dévastateurs sur son temps de sommeil : « Vous faites des nuits de plus en plus compliquées, vous sentez que vous n’avez pas bien récupéré et, quand vous vous levez le matin, l’énergie que vous avez, ce n’est pas celle que vous avez habituellement. », ce qui a entraîné des conséquences néfastes au niveau de son quotidien : « Je devais être encore plus chiant, oui, ça c’est sûr. Je travaillais sur moi pour que ça se voie le moins possible, que ce soit dans la sphère professionnelle ou la sphère privée. Mais dans l’une et l’autre, je n’étais évidemment pas le même tout le temps. » avoue le technicien, qui ne prenait plus le temps de faire des choses en dehors du football qui lui faisaient du bien : « Je faisais beaucoup moins mes balades, beaucoup moins de reconnexions à la nature, je zappais même le yoga alors que ça me faisait du bien. Entre décembre et début janvier, j’ai su qu’il fallait que je prenne une décision. »
Une glissade, une expulsion et une masterclass comme déclics
Lors de la trêve hivernale en décembre 2023, Franck Haise subit deux évènements qui l’incitent à lever le pied : « Je suis arrivé en vacances vraiment fatigué. Pendant une rando, et même plutôt une balade, je me suis pété fort le quadri en glissant. À peu de chose près, c’était l’opération. Sur un truc tellement anodin… Sur une glissade, tu ne te fais pas un truc comme ça. Ça veut dire que ton corps est en train de te parler. Et après la reprise, je m’étais fait expulser contre Monaco en Coupe. Le fait d’être expulsé, cela m’avait mis hors de moi. Et je pense que si j’avais été plus reposé, je n’aurais pas surinterprété, ou réagi. » confesse l’actuel entraîneur de Nice.
Une masterclass organisée en janvier sur le stress des managers achève de convaincre Franck Haise de renoncer à son poste de manager général : « Au centre de recherche de la DTN, il y avait une masterclass en janvier sur la gestion du stress chez les managers. Deux jours très intéressants, tu comprends qu’il va falloir prendre une décision. À ce moment, je n’avais pas l’idée de l’année sabbatique. Plutôt de faire une coupure sur le poste d’entraîneur mais en gardant le poste de manager. Quand je suis revenu, après quelques jours de réflexion, discuter un peu avec mes proches, je me suis dit non, j’aime trop entraîner. Et puis c’est ce que je maîtrise le plus, surtout. Et là j’ai pris la décision d’arrêter le poste de manager. Et surtout, entraîner, je n’aurais pas arrêté du jour au lendemain, j’aurais arrêté à la fin de la saison. Il y avait encore cinq mois. Je me suis dit, ça va être long, cinq mois… J’ai vu Arnaud Pouille (directeur général du RC Lens de juin 2017 à juin 2024) un vendredi matin, avant Toulouse. »
En janvier 2024, il abandonne sa fonction de manager général pour se consacrer uniquement au terrain. Un véritable soulagement pour le technicien, qui allait retrouver un rythme de vie à peu près normal, et un regain d’énergie non négligeable : « Pfou ! (il mime un sentiment de légèreté) Comme quoi… Ça me faisait gagner 20 % de temps et de charge mentale. Mais c’a été direct une reprise d’énergie. Vraiment. Je me suis dit là, j’ai fait le bon choix. Je n’avais pas dormi trois heures de plus la nuit d’avant, je n’avais pas plus pris le temps de faire mes routines. Mais tout de suite, j’ai eu un regain d’énergie. » À l’issue de sa dernière année au RC Lens, il termine à la 7e place, qualifiant son équipe pour le tour préliminaire de la Ligue Conférence.
En juin 2024, il s’engage pour trois ans à l’OGC Nice. Un nouveau défi pour l’entraîneur normand, qui en a profité pour reprendre « ses petites routines », comme le fait de prendre son café en terrasse et effectuer ses exercices matinaux avec une belle vue, car « c’est important d’avoir ses moments de reconnexion à la nature ».