Interview HAVOBA, Philippe Bana : “Il y a d’abord une affection particulière pour le lien avec l’Afrique qui est historique chez nous”

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Le Handball, le Volley-ball et le Basketball français unis au service de l’international 

Sous l’impulsion de l’Agence Française de Développement et des Fédérations Françaises de Handball, Volley-ball et Basketball, la Fondation HAVOBA, sous égide de la Fondation du sport Français (FSF) a pour objectif de contribuer au développement de l’impact social de ces 3 disciplines sur le continent Africain. 

La Fondation HAVOBA prend son envol et commence concrètement à agir. Qui de mieux que Philippe Bana, président de la Fédération française de handball (FFHandball), pour nous parler de la place de son sport dans cette initiative. 

Pourquoi la Fédération de Handball a accepté ce challenge HAVOBA ? 

Il y a d’abord une affection particulière pour le lien avec l’Afrique qui est historique chez nous. Et puis il y a cette demande du président de la République juste après les Jeux de Tokyo où on était double champion olympique. Il a demandé un coup de main aux sports collectifs qui avaient réussi et qui étaient à leur apogée en disant : “S’il vous plaît allez faire le travail en Afrique, allez porter la parole, allez soutenir, consolider, former“. Et cette mission avec le basket et le volley, on l’a prise ensemble au premier degré. On s’est mis à fabriquer des outils, des fondations, des plans, des travaux collectifs sur la géopolitique. C’est avec plaisir que l’on a accepté ce challenge, c’est naturel.

Unir ses trois sports est-ce une plus-value ? 

Paradoxalement il y avait un point commun entre les trois sports, c’est-à-dire une affection particulière pour l’Afrique, des relations privilégiées avec certains pays. On dirait que c’est un peu copier-coller entre les trois fédérations sur notre attitude. On s’est rendu compte aussi de la puissance que pouvait avoir HAVOBA en unissant ces trois sports et en unissant les réseaux qui leur permettent de vivre. Le réseau des ambassades, le réseau des consulats, le réseau de l’agence française du développement, le réseau des entreprises, le réseau des confédérations. On se rend compte que ces trois sports ont eu la capacité d’animer ces réseaux et effectivement cela donne une puissance supplémentaire incroyable. Les deux derniers séminaires avec 150 personnes montraient une vraie puissance de la Fondation. Les trois sports sont sur le même pied d’égalité parce qu’on est des sports frères et sœurs. On s’entend très bien. Les trois présidents sont complémentaires. Il existe une dynamique des sports collectifs en France qui est réelle. Ce trio Basket-Hand-Volley fonctionne avec plaisir. Les fédérations sont à taille humaine, identiques. Tout va pour le mieux ! 

Est-ce difficile de se mettre d’accord lorsque le nombre d’acteurs est très conséquent ? 

La phase de construction a été longue. D’abord, il a fallu construire les outils. On a construit une Fondation et ce n’était pas particulièrement facile mais avec l’aide de la Fondation du sport français nous avons réussi. On a construit des outils qui soient pérennes sur le temps parce qu’il va avoir plusieurs phases. On a développé ces éléments sur une longue période. Cette première phase nous a pris pas mal de temps, et ensuite pour diffuser l’information, pour être efficace sur le terrain, on a fabriqué des séminaires de gouvernance, puis des séminaires pour se mettre d’accord entre présidents, entre élus, entre politiques, avec les ambassadeurs et les confédérations. Forcément, notre grand nombre n’a pas aidé mais au final cela a été une réussite. Et puis dernièrement à Tunis, on a fabriqué le séminaire de diffusion de l’information et des programmes. Et là, les techniciens, les formateurs, les réseaux en place, il y a un dispositif lourd qui va permettre de mettre en place sur le terrain ce que l’on avait imaginé politiquement. Donc aujourd’hui, on a les outils pour avancer concrètement, on a les outils nécessaires à la diffusion de l’information et des formations. Ensemble, on a pu réussir cela, seul, tout aurait été plus compliqué. 

Quel résultat concret vous permettrait-il de dire que cette initiative est réussie ? 

Je pense essentiellement, moi qui suis un grand connaisseur de l’Afrique, une stabilisation des structures. On a traditionnellement une instabilité structurelle, des programmes de formation, des gouvernances, des équipes qui fait qu’il est difficile d’avoir des programmations sur le long terme. Là, avec ce travail qui inclut non pas uniquement les gouvernants mais aussi les opérationnels, les formateurs le tout en ayant pour but la stabilisation et la structuration, on peut avoir un effet sur le temps. Et l’effet sur le temps en Afrique, c’est cela qui est très difficile et c’est notre challenge. Si on y arrive on aura vraiment réussi. 

En quoi le développement du handball en Afrique, est une plus-value pour la FFHandball ?

Alors essentiellement nous c’est partager, on a la chance d’être une des plus grandes nations de handball mondiale et il y a une espèce de devoir de partage. Donc on le fait avec grand plaisir, on a la chance d’avoir réussi dans cet univers dans les trente dernières années, il faut en faire profiter les autres. Il y a aussi pour nous l’idée d’installer des ponts. Par exemple, Karl Konan qui est d’origine ivoirienne se retrouve aujourd’hui à jouer les Jeux Olympiques en tant que leader de l’équipe de France. Il y a ce côté relation multilatérale où on prend et on donne, on apporte et on récupère. Pour la FFHandball, on n’est pas dans une idée de détecter, on est plutôt dans une idée d’avoir une relation sociétale, de RSE, d’éthique, de responsabilité avec ce continent. C’est surtout cela qui nous anime, pas un rendement.

Les différentes fédérations africaines ont-elles des choses à nous apporter ? 

Oui, bien sûr. D’abord humainement, et puis dans certains autres domaines. Je vais prendre l’exemple du Sénégal avec son Académie féminine de Thiès. Ils ont été chercher les plus talentueuses joueuses au fin fond du Sénégal pour leur offrir un double projet, un triple projet scolaire, médical, social, sportif. Ils s’investissent là-dedans comme des damnés. Ils ont commencé par les filles. C’est aussi un signal très fort en termes d’éthique, de responsabilité, de féminisation. On apprend beaucoup aussi des choix de nos acteurs partenaires, parce qu’ils nous montrent une certaine idée sociétale.

Fondation HAVOBA