Le parcours de Julie Chupin, archère française de 40 ans, force le respect. Zoom sur l’histoire de l’athlète, qui va participer aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°33.
En 2011, la vie de Julie a basculé après un grave accident de moto. Alors qu’elle doit subir une amputation de la jambe gauche, elle le sait, sa vie va être chamboulée. Son quotidien aussi. Et celle qui ne se disait « pas sportive du tout » va s’étonner. Julie commence alors à pratiquer le tir à l’arc. Ensuite ? Tout s’est enchaîné très vite. « Au bout d’un an et demi de tir à l’arc je suis rentrée en équipe de France en handisport ». Pourtant, son entrée dans le monde du sport ne s’est pas faite de manière fluide. Anthony Rigault, entraîneur de l’équipe de France, a pris contact avec elle, alors qu’elle était encore au centre de rééducation. « Je ne peux pas dire que j’ai directement accroché avec le tir à l’arc. Mais au moins, ça me faisait une activité et ça me changeait les idées. », continue-t-elle humblement. D’ail- leurs, quand Anthony l’a appelée, elle s’est d’abord montrée très surprise. « Il m’a demandé si j’étais intéressée pour pratiquer, et pour pouvoir m’entraîner afin d’aller aux Jeux Paralympiques de Rio. J’ai répondu ‘Attendez. Le tir à l’arc, je ne sais pas faire. Et en plus de ça, les Jeux, c’est pour des grands sportifs, je ne le suis pas du tout ! (Rires). J’ai dit que je pouvais tout de même essayer, mais que je ne promettais rien…’ »
La voilà donc lancée, en 2014, dans une incroyable aventure. Et ce qu’elle ne soupçonnait pas, c’est ce que le tir à l’arc allait lui apporter. En effet, la discipline a joué un rôle crucial dans l’acception de son handicap. « Ça m’a permis de dépasser mon amputation. Quand j’ai eu l’occasion d’aller sur des compétitions internationales avec l’équipe de France, j’ai vu qu’il y avait pire que moi, et surtout, que les athlètes ne s’arrêtaient pas à leur handicap », poursuit Julie.
Toujours plus loin
Au fur et à mesure, Julie prend goût à son sport, à la compétition. En 2021, elle participe même à ses premiers Jeux Paralympiques, à Tokyo. « J’ai terminé 5eme. C’était spécial car il n’y avait pas de public en raison de la crise sanitaire, mais j’ai apprécié cette expérience. ». Après avoir fait « son petit bonhomme de chemin », c’est au pays du soleil levant que Julie a le déclic. « Je me suis dit que je n’étais pas là pour rien. Que tout le travail fourni m’avait donné l’opportunité de participer à des Jeux. Je voulais aller décrocher la meilleure place possible. » C’est ainsi que l’idée de participer aussi aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 est arrivée. « Je me pose les bonnes questions. Il faut que je fasse mieux qu’à Tokyo, c’est sûr. Mais mon objectif est simple : d’y aller, de tirer correctement toutes mes flèches, avec plaisir et envie. Je ferai tout ce qu’il faut pour que mes flèches aillent dans le jaune. Si j’y arrive, tant mieux, sinon tant pis. Je ne veux juste pas être déçue et avoir aucun regret. »
Alors, à tous ceux qui hésiteraient encore, Julie le dit haut et fort : « Ce n’est que du positif de faire du sport, avec un handicap ou sans handicap. Ça permet de se changer les idées, de voir des gens, de découvrir d’autres mondes, tout en faisant du bien physiquement. Personnellement, le sport a donné un sens à ma vie. »