La barre est placée très haut. Selon la presse étrangère, Los Angeles aura du mal à rivaliser après les magnifiques Jeux de Paris, acclamés pour leur beauté et l’enthousiasme qu’ils ont suscité. Les Jeux se sont déroulés sans accroc au cœur de l’une des plus belles villes du monde, avec un peuple souvent râleur soudainement joyeux, des transports efficaces et une sécurité rassurante. Paris 2024 a marqué son époque, et son successeur américain pourrait presque en avoir peur.
“Comment les Jeux Olympiques de Los Angeles 2028 pourraient-ils surpasser ce que le monde vient de découvrir ?”, se demande le Los Angeles Times. “Nous devons trouver un moyen de capturer cette grandeur et de la rendre encore plus impressionnante”, ajoute-t-il, tandis que le New York Times parle d’un “triomphe de l’ambition” ayant “tiré la France de l’obscurité”.
L’agence de presse officielle chinoise Xinhua résume le passage : “De la Cité des Lumières à Lumière, caméra, action : Paris dit adieu, Hollywood attend.” Le quotidien espagnol El País estime que “Paris éclaire le chemin pour Los Angeles”. Lors de la cérémonie de clôture, “plus de 70 000 personnes au Stade de France et des millions ailleurs ont dit adieu à ces Jeux qui (…) prétendent au titre de meilleurs Jeux de l’histoire”.
Paris a tenté de réinventer les Jeux pour attirer un public plus jeune et inciter davantage de villes à se porter candidates, écrit The Guardian à Londres. L’événement a démontré comment les Jeux peuvent se dérouler de manière sûre dans un pays libre et démocratique, souligne Die Welt, quotidien conservateur allemand. “Chaque fois qu’un grand événement sportif se termine, les organisateurs affirment qu’il n’a jamais été aussi beau, mais cette fois, cela pourrait bien être vrai”, affirme le Tagesspiegel à Berlin.
Certains saluent cet événement comme nécessaire dans un contexte de compétition exacerbée entre puissances. Comme l’ex-star du football brésilien Rai, qui se réjouit que, “malgré les innombrables conflits et guerres”, les Jeux ont dégagé “une atmosphère surprenante d’harmonie”.
Bien sûr, la France reste la France, et certains commentateurs en parlent avec une certaine ironie. Le Néerlandais Frank Renout, dans Het Parool, loue les Jeux comme “peut-être les plus instagrammables de tous les temps”. Mais il assure que “tout redeviendra normal bientôt”, car “si le bonheur était un sport olympique, la France n’aurait jamais remporté de médaille”. Pour le Corriere della Sera, principal quotidien italien, dans un pays qui semblait déprimé et en colère, le besoin d’être bien, en paix, sans disputes, a miraculeusement dominé. La Repubblica ajoute que le président Emmanuel Macron rêve de profiter de l’enthousiasme suscité par les Jeux, mais “Spoiler : il n’y arrivera pas”.
Au Portugal, le quotidien populaire Correio da Manha note que “le pari du président Macron de recréer l’esprit des grands travaux de François Mitterrand semble avoir marqué des points dans la pacification interne d’un pays divisé”. Parmi les critiques, on retrouve la propreté variable de la Seine ou la nourriture du village olympique. Le quotidien espagnol El Mundo dénonce la “part d’ombre” des Jeux : “Pourquoi Israël oui et Russie non, la dose de transphobie, de racisme… et des célébrations dignes de l’homme de Cro-Magnon”. Il pointe aussi “des absurdités”, comme le break dance : “À quand le twerk ? Dans quelques années, cela nous paraîtra aussi ridicule que la course en sacs de 1900.”
Le South China Morning Post, à Hong Kong, remarque que le coût de l’opération (environ 10 milliards de dollars) reste modeste comparé aux budgets de Tokyo 2021 ou Rio 2016. Toutefois, des réformes doivent “augmenter les opportunités pour les villes du Sud global d’accueillir les Jeux”, selon le chercheur Charles Morrison.
En Russie, les critiques les plus virulentes apparaissent. Le tabloïd Komsomolskaya Pravda parle de ” sportifs vomissant, de champions avec des chromosomes mâles en boxe féminine, et de vers dans la nourriture”. Le journal Kommersant, tout en décrivant les touristes “bouche bée devant la beauté” de Paris, critique également la ville comme étant “étouffante, avec des poubelles débordantes sur les trottoirs, un métro exigu et inconfortable”.