Pascal Papé, ancien pilier du XV de France et vice-champion du monde en 2011, a récemment partagé son parcours de vie dans l’émission RMC Sport Club sur Twitch.
À 44 ans, l’ex-deuxième ligne, qui a marqué l’histoire du rugby français avec ses 65 sélections entre 2004 et 2015, a révélé l’histoire bouleversante qui se cache derrière son nom. Son enfance, marquée par l’abandon, a commencé dans des conditions dramatiques : “Quand les policiers ont enfoncé la porte et sont venus me chercher dans la chambre, ça faisait presque deux jours que j’étais seul parce que j’étais en train de mourir de faim.” Placé dans un foyer à 6 mois, il a été adopté par la famille Papé, qui l’a élevé avec amour, mais les cicatrices émotionnelles de son passé ont laissé des traces profondes.
Son histoire avec sa mère biologique, une femme en proie à la prostitution et à la drogue, l’a aussi marqué à jamais. Bien qu’il ait été adopté dans une famille aimante, les visites forcées de sa mère biologique ont été vécues comme un choc constant : “Imaginez le choc que ça peut faire dans la tête d’un enfant de quatre ou cinq ans.” Ce sentiment de précarité a hanté son enfance, un déchirement entre les deux mondes. À cette époque, il vivait constamment avec la peur de perdre sa nouvelle famille. “On me dit: ‘ta maman va vouloir te reprendre, elle fait des efforts et tu vas pouvoir retourner vivre avec elle’“, raconte-t-il, soulignant l’incertitude qui a marqué ses jeunes années. Cela a engendré des troubles qui ont perduré jusque dans son adolescence, avec des symptômes d’anxiété et des insomnies.
Le rugby, qui l’a propulsé sous les projecteurs, n’a pas suffi à guérir ces blessures. En 2013, une grave blessure sur le terrain a précipité une crise intérieure majeure. “La cocotte-minute que j’avais en moi depuis tout petit a explosé.” En tant que capitaine du XV de France, il se retrouvait alors à un tournant de sa carrière et de sa vie. Cette blessure l’a amené à remettre en question sa valeur et son existence. “J’ai mis mon existence et ma vie en doute: ‘est-ce que tu mérites d’être là?’” L’issue de cette profonde souffrance a été une tentative de suicide, qu’il n’a heureusement pas suivie jusqu’au bout. “Une fois que tu prends les cachets et que tu as fait la connerie, c’est le premier jour du reste de ta vie.” Après cet événement, il a entamé une thérapie et entamé un travail de reconstruction personnelle. “J’ai trouvé la sérénité dans la parole et l’écriture“, une démarche qui l’a aidé à affronter ses démons et à partager son histoire avec ses enfants à travers son livre.