Carlos Alcaraz : une saison sur terre battue qui commence mal

La malédiction printanière semble se répéter pour Carlos Alcaraz. Le prodige espagnol, champion en titre de Roland-Garros, a annoncé jeudi son forfait pour le Masters 1000 de Madrid (23 avril – 4 mai), une épreuve pourtant cruciale dans la préparation à la saison sur terre battue.

L’annonce survient alors que le joueur de 21 ans, actuel numéro 3 mondial, souffre de douleurs persistantes au psoas droit et à l’adducteur gauche. Un coup d’arrêt qui ravive les souvenirs d’une saison 2024 déjà perturbée par des soucis physiques similaires.

Un forfait stratégique mais frustrant

C’est dans une atmosphère mêlant prudence et déception qu’Alcaraz s’est présenté devant la presse, précisant avoir « décidé de ne prendre aucun risque ». Objectif : maximiser ses chances de revenir à temps pour les deux rendez-vous majeurs qui s’annoncent, le Masters 1000 de Rome début mai, et surtout Roland-Garros (25 mai – 8 juin), qu’il avait remporté l’an passé.

« Je pense que je serai sûrement de retour à Roland-Garros, et je vais essayer de faire tout mon possible pour jouer à Rome », a-t-il affirmé, manifestement déterminé malgré l’incertitude. « Je passerai des examens en début de semaine prochaine pour voir comment ça évolue », a-t-il ajouté, insistant sur sa volonté de retrouver les courts « aussi rapidement que possible ».

Une blessure survenue à Barcelone

Le jeune Murcien s’était pourtant élancé sur cette campagne 2025 avec confiance. Sacré à Monte-Carlo mi-avril pour son premier titre dans ce tournoi prestigieux, et finaliste quelques jours plus tard à Barcelone, sa dynamique semblait relancée. Mais c’est justement lors de cette finale catalane, perdue face au Danois Holger Rune (7-6, 6-2), qu’il a ressenti une gêne au haut de la cuisse droite, aggravée depuis.

Une fois arrivé à Madrid lundi, Alcaraz n’a pas pu s’entraîner. Jeudi, il a révélé une autre blessure du côté gauche, à l’adducteur, compliquant davantage la situation. « Je pense que la guérison prendra une semaine, une semaine et demie, deux au maximum », a-t-il estimé, se voulant rassurant.

Un air de déjà-vu

Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’année précédente. En 2024, déjà diminué physiquement, Alcaraz avait tenté malgré tout de défendre son titre à Madrid, avant de s’incliner en quarts face à Andrey Rublev. À l’époque, c’est une blessure à l’avant-bras droit qui l’avait freiné. Il avait également dû faire l’impasse sur Monte-Carlo et Rome, avant de triompher à Paris puis à Wimbledon. Le joueur semble tirer une forme de sérénité de ces expériences passées. « La situation était plus délicate pour moi l’an dernier. J’avais énormément de doutes sur mon jeu », a-t-il confié, ajoutant ne pas être « vraiment préoccupé » cette fois-ci.

« Ces blessures sont différentes », a-t-il précisé, assurant qu’elles « ne vont pas entamer (sa) confiance ». Une déclaration forte qui traduit l’évolution mentale d’un joueur encore jeune mais déjà aguerri par les aléas du haut niveau.

Un tableau madrilène ouvert

L’absence d’Alcaraz, mais aussi celle du numéro 1 mondial Jannik Sinner – également forfait pour Madrid et attendu à Rome –, bouleverse la hiérarchie du tournoi. Elle offre à Alexander Zverev (N.2 du tableau) une opportunité en or de décrocher un troisième titre madrilène après ceux de 2018 et 2021.

L’Allemand, vainqueur récemment de l’ATP 500 de Munich sur terre battue, débutera face à l’Espagnol Roberto Bautista Agut (55e). Grand amateur de cette surface, Zverev sera désormais le principal favori de ce Masters 1000, en l’absence des deux jeunes têtes d’affiche du circuit.

Alcaraz, entre lucidité et ambition

À 21 ans, Carlos Alcaraz vit un nouveau chapitre de sa carrière, où la gestion physique s’impose désormais comme un enjeu majeur. Sa progression spectaculaire depuis 2022 l’a propulsé sur le devant de la scène, avec des titres à l’US Open, à Wimbledon et à Roland-Garros, mais aussi une pression médiatique et sportive croissante.

Malgré ces embûches, il reste maître de sa communication et de sa stratégie. Le choix de faire l’impasse sur Madrid, pourtant son tournoi « à la maison », qu’il a remporté en 2022 et 2023, illustre cette maturité. « Je veux jouer à 100 %, pas à 70 », aurait pu résumer son attitude face aux médias.

Un défi pour Roland-Garros

Derrière les promesses d’un retour rapide, l’enjeu est clair : arriver à Paris dans les meilleures conditions pour défendre son titre et, peut-être, asseoir un peu plus sa domination sur terre battue. La question n’est pas tant de savoir si Alcaraz sera présent à Roland-Garros, mais dans quel état physique et mental il abordera le tournoi. Son succès en 2024, malgré des mois de galère, montre qu’il en est capable. Mais le pari reste risqué.

Alors que le circuit masculin s’ouvre avec de nouvelles dynamiques – l’ascension de Sinner, la constance de Zverev, le retour attendu de Djokovic et Nadal sur leur terrain fétiche – le forfait d’Alcaraz à Madrid est un épisode important, mais pas nécessairement décisif. Tout dépendra de la suite.

En attendant, les projecteurs se tournent vers Rome, et plus encore vers la Porte d’Auteuil, où le roi espagnol espère à nouveau régner.